La révolution médiatique
Quels sont les impacts des nouveaux supports et de l’hypra connexion sur la manière de délivrer les contenus ?
À l’heure où tous les regards se tournaient vers le petit écran pour découvrir les premiers pas sur la Lune, Marshall McLuhan, théoricien canadien de la communication, posait les jalons d’une définition moderne des médias. Il les définit, dès 1964, dans ses travaux de recherche, comme le prolongement technologique de l’individu, lui permettant de recevoir un message. Dès lors, il s’efforce de démontrer toute l’importance du média en tant que moyen (medium) de communiquer ce message, prônant l’idée que ce dernier puisse être le message lui-même et imagine, dès la fin des années 60, la standardisation des sociétés au travers d’une culture médiatique commune, utilisant, pour la première fois, le terme de « village planétaire ».
La disparition des supports médias ?
Si McLuhan échafaude, dès les années 60, l’idée très contemporaine de la fin d’une culture de l’écrit au profit des médias électroniques, il n’a évidemment pas su prédire à quel point l’arrivée du numérique allait contraindre l’univers des médias à repenser ses fondamentaux.
Car, aujourd’hui, ce n’est plus l’audience qui va vers le média, mais bien le média qui doit s’adapter aux nouveaux usages de l’audience, à savoir une déconstruction des temps de consultation et la disparition progressive des « grands-messes » médiatiques que pouvaient être le prime-time pour la télévision ou le journal du matin pour la presse.
La déstructuration des modèles de consultation de l’information impose aujourd’hui une nouvelle vision et conduit à une démarche résolument plurimédia. La réflexion par grands silos médiatiques n’existe plus car les usages ont changé : les frontières entre audiovisuel, écrit, on-line ou mobile tendent aujourd’hui à disparaître pour laisser la place à des contenus mutualisés, combinés, réexploités, échangés, commentés. Un constat qui laisse à penser que le média en tant que support disparaît peu à peu…
Les études de migration des audiences vers le numérique
On assiste à une migration de plus en plus soutenue des audiences des médias traditionnels vers ceux numériques. Selon une étude de Fleishman-Hillard et Harris de 2010, 53 % de la consommation média hebdomadaire des Français est consacrée au Web et devance depuis plusieurs années la télévision. Dans le même temps, une enquête du Pew Research Center indiquait que les Américains se réfèrent davantage aux sites Web qu’aux journaux pour s’informer. Enfin, une étude AOL/Nielsen indique que 53 % du temps passé aujourd’hui sur Internet est consacré à la consultation de contenus (7 % pour la consultation de son courrier électronique et 23 % pour les réseaux sociaux), confi rmant la forte concurrence du Web à l’égard des supports d’information traditionnels. Cette tendance de fond a évidemment un impact immédiat sur la répartition des recettes publicitaires. Une enquête de Digitas de 2009 indique que, malgré la crise, 41 % des annonceurs français souhaitent augmenter leurs investissements Internet. Une évolution qui oblige à mener une réflexion fondamentale sur le modèle économique des médias.
Les médias pure players survivront-ils ?
Pour beaucoup d’entre eux, tout est encore en construction. De nombreux sites d’information ne vivent que grâce aux recettes publicitaires des médias historiques. La plupart des pure players sont encore en recherche de rentabilité et n’existent que grâce à des levées de fonds et des valorisations boursières qui font régulièrement craindre une nouvelle bulle Internet. Certains services ne subsistent qu’au détriment des droits d’auteur ou du respect de la confidentialité et de la vie privée. Bref, les nouveaux médias se cherchent mais imposent aujourd’hui une prise de conscience du secteur : ils doivent défricher de nouveaux modèles, aller vite, investir dans les idées et ne pas hésiter à reconnaître que l’on s’est trompé. Une démarche construite sur un modèle « fail often, fail fast, fail cheap » très implanté dans la culture anglo-saxonne. Reste à savoir s’il saura s’imposer dans notre pays…
Page suivante »
Vers la fin des médias ?
Au sommaire
- La révolution technologique, ou comment le nouveau matériel modifie la transmission de ces contenus.
- La révolution publicitaire, ou l’adaptation des modes de communication aux nouveaux canaux de diffusion.
- La révolution relationnelle, ou l’évolution des relations sociales entre les individus.
- La révolution rédactionnelle, ou la transformation des modes de narration et d’écriture.